Bonjour Annick,

C’est une idée reçue de croire que les filles sportives sont lesbiennes. Et je ne sais pas s’il vaut la peine de se remettre en question, comme tu le dis, pour si peu… On va néanmoins essayer de comprendre ce préjugé, qui semble te gêner, et à raison. Une fois le préjugé décortiqué, tu verras qu’il n’aura plus rien d’offensif et tu seras toi-même mieux armée pour le contrer.

D’une part, si la réalité était conforme à la vision sexiste, que beaucoup ont encore, certains domaines, comme le sport, les voitures, la mécanique, etc. seraient l’apanage de la virilité et donc la chasse gardée des hommes. Tandis que d’autres, plus délicats, seraient délégués aux femmes, moins habiles, moins dynamiques, plus fragiles, moins courageuses (le courage est traditionnellement considéré comme une vertu masculine).

Dans cette vision sexiste (et peu conforme à la réalité) des choses, chacun.e, suivant son genre, est à sa place et se doit d’y rester… Une femme qui a de l’affinité pour un domaine traditionnellement réservé aux hommes se verra presque automatiquement attribuer des caractères masculins, et sera difficilement reconnue dans sa féminité… parce que la vision traditionnelle (et sexiste) des choses ne peut pas comprendre qu’une femme exerce une activité traditionnellement masculine, ou qu’un homme exerce une activité «de femmes», sans perdre automatiquement certains (voire la majorité) des attributs de son genre.

D’autre part, il y a l’amalgame entre homosexualité et confusion dans son identité sexuelle.

C’est méconnaître l’homosexualité que de déterminer automatiquement les personnes d’orientation homosexuelle par les qualités et caractères de l’autre sexe : les filles lesbiennes ne sont pas forcément plus «masculines» que les filles hétérosexuelles ou bisexuelles ; les hommes gais ne sont pas forcément plus «féminins» que des hommes hétérosexuels.

Si on résume le préjugé dont on parle : les filles qui jouent au hockey (un sport canadien traditionnellement associé aux hommes) ne sont pas de vraies femmes, puisqu’elles exercent (et prennent plaisir) à une activité d’hommes. Elles sont donc masculines… Et comme une lesbienne est une fille masculine (puisqu’elle aime les femmes… et que ce sont normalement les hommes qui sont attirés par les femmes ! ), toutes femmes masculines (dont celles qui sont sportives) sont des lesbiennes…

Inutile de préciser que ce raisonnement est plus qu’erroné. Mais c’est une façon d’essayer de comprendre comment naissent, s’enracinent et se développent les préjugés. Par accumulation d’idées préconçues sans fondement, et par enchaînement de propositions sans réelle logique.

C’est ainsi que, pour ce qui est du hockey, les rumeurs comme quoi les joueuses de l’équipe féminine canadienne sont à peu près toutes lesbiennes circulent et perdurent.

Mais malgré tous les préjugés qui courent, l’important est de rester qui on est, de continuer à faire ce qu’on aime faire, et surtout de ne pas tendre l’oreille aux ragots et autres imbécilités qui circulent et qui ne méritent pas qu’on se laisse tourmenter par eux.

Nous espérons avoir répondu à ta question, si tu désires nous recontacter, n’hésite pas à nous renvoyer un message.  Merci d’avoir visité le site d’AlterHéros.

Maude Trudeau-Morin
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