29 mars 2024

Témoignage: Être gaie, une dure réalité

Je voulais partager ce qu’est parfois, malheureusement, la réalité d’être gaie. Cela fait partie de ce que je vis quotidiennement. Et je constate de jour en jour qu’il vaut mieux apprendre à ignorer ces mots blessants…
Chaque jour, quelque chose me rappelle qui je suis et il m’arrive parfois de recevoir du même coup une claque en pleine face. J’ai tellement hâte au jour où les gens comprendront que nous n’avons pas fait un choix, et j’ai hâte aussi au jour où nous serons considéré comme tout le monde : «normal».
Voici un exemple de situation blessante que j’ai vécu dans ma vie gaie. Depuis toujours les gens écrivent dans les vestiaires… simple besoin de s’exprimer et souvent d’exprimer l’un des plus beau sentiment qu’est celui de l’amour. Dans le vestiaire que je fréquente pour mes cours de mise en forme aquatique, il était écrit : «Dans le silence et dans la douleur, je t’aime Julie. Signé Isabelle G.» S’il n’y avait eu que cela d’écrit, je n’aurais pas reçu la claque aussi forte… même malgré le fait que cette phrase exprimait si bien et si entièrement la douloureuse réalité que je vis depuis toujours.
La claque venait de Geneviève, cette inconnue, qui croyait bien faire, qui croyait que tout le monde était derrière elle, qui croyait n’affecter que cette Isabelle en répondant par cette phrase : «Criss (sic) de lesbienne dans ce vestiaire. Voyeuse. Cachons-nous. Et toi, fous-nous la paix». Mais quelle paix recherches-tu Geneviève? Comment la paix peut-elle régner autour de toi avec tant d’hostilité! Ce n’est pas la première phrase du ce genre que je lis, et ce n’est sûrement pas la dernière. Cela ne devrait plus m’affecter, mais j’en suis incapable. Je pense à toutes ces jeunes filles qui viendront se changer là un jour, toutes jeunes, adolescentes, en pleine crise… comment ne peuvent-elles pas craindre de s’afficher? Moi-même je suis déjà passée par là et le souvenir est encore très frais à ma mémoire. Ces petites blessures, mais si régulières que la douleur et la peur ne font que s’amplifier.  Je voudrais dire à toutes ces Geneviève qui n’ont pas d’autre chose à faire que le mal, de ranger leurs crayons ou tout simplement d’apprendre à s’en servir et de cessez de répandre ce plomb qui blesse tant.
Je voulais partager ce qu’est parfois, malheureusement, la réalité d’être gaie. Cela fait partie de ce que je vis quotidiennement. Et je constate de jour en jour qu’il vaut mieux apprendre à ignorer ces mots blessants, car de toute façon qu’est-ce que les paroles de ces inconnus peuvent nous apporter? Ce sont plutôt les paroles de ceux que l’on aime, ceux qui nous aiment et qui nous appuient qui ont le plus de valeur.

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