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29 mars 2024

Je me suis trouvé une copine et je l'aime, mais je pense encore être homosexuel...

Voila je vous réecrit car j ai encore quelque soucis j ai retrouver une autre copine et je l aime énormément sauf que j ai toujours cette question de l homosexualite qui me trotte je sais très bien que je le suis pas mais cette question qui trotte dans ma tête me fait énormément souffrir je ne sais plus quoi faire j aime les femmes cela est sur mais j ai une vie pour être heureux la seule chose a enlever serait cette question qui me fait trop souffrir.

Benoît

Bonjour Romain.

Je tiens à te remercier pour la confiance que tu nous témoignes une fois de plus. Tu as très bien fait de nous réécrire, car il est important d’aller chercher de l’aide lorsqu’on se sent dépassé par les événements.

Si tu le permets, je vais récapituler tout ce que tu nous as révélé jusqu’à maintenant. Il y a près d’un mois, tu as rompu avec ta petite amie parce que tu as découvert qu’elle était encore amoureuse de son ex-copain. C’est alors que tu as commencé à te poser des questions sur l’homosexualité, car tu ne savais plus où tu en étais. Or, tu es présentement en couple avec une nouvelle copine, tu l’aimes énormément, mais il y a toujours la question de l’homosexualité qui te hante, au point où tu en conçois beaucoup de souffrance.

Tout d’abord, il y a certains éléments qui mériteraient d’être éclaircis… Qu’est-ce que tu voulais dire, au juste, par : « J’ai toujours cette question de l’homosexualité qui me trotte » dans la tête? Est-ce que ça signifie que cette orientation sexuelle t’est inconnue et que tu cherches à mieux la connaître? Si tel était le cas, il n’y aurait pas, je pense, le moindre problème. Or, tu évoques une souffrance en lien avec ton questionnement, et cette souffrance paraît récente ou, du moins, plus forte, car tu n’en faisais pas mention dans ton 1er message.

Que s’est-il passé pour qu’un simple questionnement devienne à ce point invivable que tu en viennes à croire qu’il constituerait un obstacle à ton bonheur? Serait-ce que tu as des doutes sur ta propre orientation sexuelle? Peut-être que ces pensées sur l’homosexualité te reviennent sans cesse à l’esprit parce que tu cherches à faire taire en toi des désirs et des sentiments qui ne demanderaient qu’à s’extérioriser. Il est vrai que tu nous as écrit que tu étais certain de ne pas être une personne homosexuelle. Toutefois, il arrive que l’homosexualité fasse peur, tout simplement parce qu’on ignore de quoi il s’agit ou parce qu’on s’en est forgé une image essentiellement négative, ce qui pourrait être ton cas si tu proviens, par exemple, d’une famille ou d’un milieu social très conservateur. C’est triste à dire, mais il n’est pas rare que des personnes bisexuelles et homosexuelles refoulent toute leur vie leur véritable identité, leurs désirs et leurs sentiments, tout ça pour ne pas déplaire aux parents, pour ne pas être rejeté par les amis ou parce qu’il semble important de mener une vie « normale ». Cependant, tu dois savoir qu’il existe beaucoup de souffrance chez ceux qui refusent leur état et, au contraire, qu’il y a beaucoup de promesses de bonheur qui s’offrent à ceux qui acceptent de vivre en conformité avec leurs goûts et leur sensibilité.

Par conséquent, ce que je vais te conseiller, Romain, demande du courage, mais l’exercice en vaut la chandelle, car, après tout, il est question de ton bonheur. N’as-tu pas écrit, toi-même, cette phrase merveilleuse : « J’ai une vie pour être heureux »? Oui, effectivement, tu n’as qu’une vie et tu dois te laisser la chance d’être heureux! Alors, voilà ce que je te conseille : tout d’abord, il faut que tu sois rigoureusement honnête avec toi; rien ne sert de te mentir, car le mensonge ne fera que perpétuer ta souffrance. Et je devine que tu veux, plus que tout au monde, t’en libérer. Ensuite, demande-toi de quelle nature sont tes désirs. Est-ce que tu aimes réellement les femmes? Je veux dire : est-ce que tu éprouves du désir pour elles? Tu sais, parfois on peut souhaiter très fort éprouver du désir pour les femmes, sans jamais en éprouver. Ce qui, par ailleurs, n’enlève absolument rien à l’amitié intense qu’on a pour certaines d’entre elles ou, encore, à la fascination qu’on peut ressentir en leur compagnie. Maintenant, demande-toi, toujours avec la même sincérité, si tu as déjà éprouvé, ne serait-ce qu’une fois, du désir pour un garçon.

Alors? Quels sont les résultats de ton introspection? Pour ma part, j’entrevois trois possibilités :

(1) Tu n’aimerais véritablement que les filles et n’aurais jamais ressenti la moindre attirance physique pour les personnes de ton sexe. Tu serais, par conséquent, une personne hétérosexuelle. Si tel est le cas, j’avoue que je suis embêté. Non que je désapprouve l’hétérosexualité! Seulement, je ne pourrais t’expliquer ce qui cause la souffrance que tu ressens sitôt que tu penses à l’homosexualité. Si tu as été honnête avec toi-même et que tu en es venu à ce résultat, je pense qu’il serait bon que tu demandes conseil à un psychologue. Un spécialiste de ce type pourra, mieux que moi, t’éclairer sur cette phobie que semble t’inspirer l’homosexualité.

(2) Tu aimerais les filles, mais tu réalises qu’il t’est déjà arrivé, peut-être même récemment, d’éprouver du désir pour un garçon. Crois-moi, il n’y aurait rien là de tragique! Cela signifierait tout simplement que tu es une personne bisexuelle, c’est-à-dire que tu aurais la capacité d’éprouver du désir, tantôt pour les filles, tantôt pour les garçons. Comme l’hétérosexualité et l’homosexualité, il s’agit d’une orientation sexuelle parfaitement normale. Si tu te poses des questions à ce sujet, je te recommande un excellent site français (je n’en ai malheureusement pas trouvé de semblable pour la Suisse francophone) : www.bisexualite.info . Tu y retrouveras, entre autres, un forum de discussion auquel je t’invite à participer, car en échangeant avec des jeunes de ton âge, qui vivent les mêmes problèmes que toi, tu trouveras sûrement un réconfort et – qui sait? – peut-être de nouveaux amis. Dans les moments difficiles, il est important de fuir la solitude et d’aller vers les autres.

(3) Tu n’aimerais pas les filles, du moins comme tu le voudrais, et, en fait, tu réalises que ce sont les garçons qui t’intéressent vraiment. C’est peut-être ce qui te fait souffrir. Non pas que l’homosexualité soit une maladie ou un problème de santé mentale. Elle est, au contraire, comme je l’ai mentionné plus haut, parfaitement normale. Cependant, n’étant pas les maîtres de nos désirs et de nos sentiments, il peut arriver qu’on en soit mécontent, dans la mesure où ils sont contraires à la vie « idéale » qu’on s’était imaginée. Mais si c’était le cas, je veux dire : si tu éprouvais du désir pour les garçons, il faudrait vraiment, Romain, que tu t’aimes assez pour l’accepter. C’est le plus beau cadeau que tu pourrais te faire! Encore une fois, l’homosexualité n’a rien de honteux et, pour ceux qui l’assument, elle offre des possibilités de vies parfaitement heureuses et épanouies. Cependant, si tu es terrifié par cette idée, ne culpabilise pas : donne-toi le temps de mieux te connaître et renseigne-toi au sujet de cette orientation sexuelle. Les sites Internet et les bouquins sur le sujet sont nombreux. Je vais toutefois prêcher pour ma paroisse et te recommander les nombreux articles et les réponses aux internautes qu’on trouve sur le site d’AlterHéros.

Voilà! J’espère que j’ai pu t’aider à y voir un peu plus clair. Si tu as de nouvelles questions à poser, n’hésite surtout à nous réécrire; il nous fera toujours plaisir de t’aider. Et je tiens à ce que tu saches, Romain, que la situation que tu vis me touche beaucoup et que toutes mes pensées t’accompagnent en cette période difficile.

Bonne chance!

Benoît

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