Puis-je aller dans une famille d'accueil si mon père réagit mal à l'annonce de mon homosexualité ?

J’ai l’intention de révéler mon identité sexuelle à mon père cet été, je suis totalement sûr qu’il ne l’acceptera pas, mais je suis obligé de lui dire car je veux me sentir liberé car je souffre de dépression. il y aurait-il une maison d’accueil que je pourrais séjourner après que je sois hors du placard. il va sans doute m’envoyer ailleurs ou je vais être malheureux et peut-être faire des tentatives de suicide car j’en pense souvent. mon père est religieux et je n’ai pas de maman. l’homosexualité pour lui c’est un abomination. il s’est déjà mis dans une énorme colère quand je lui ai dit que je ne croyais pas en dieu , mon homosexualité sera pire a accepter. des fois il peut se mettre en colère et me pousser violemment j ai peur qu’il me fasse du mal quand il saura que je suis gay. une famille d’accueil et peut-être me retirer de la famille serait bien, c’est quoi les procédures légales qui me sont offertes?

Benoît

Salut Denzel,

Je te remercie beaucoup pour la confiance que tu nous témoignes. Tu as bien fait de nous écrire. Quand on vit des moments difficiles, il est important de ne pas tout garder pour soi.

Dans ton message, tu nous indiques que tu veux dévoiler ton homosexualité à ton père, mais que tu as peur de sa réaction, car il est très conservateur sur le plan moral et peut même se montrer violent. Par conséquent, tu nous demandes quelles seraient les procédures légales qui s’offriraient à toi si jamais la situation devait dégénérer.

Ton récit m’a beaucoup touché, Denzel. La période que tu traverses n’est pas évidente du tout, mais il ne faut pas désespérer – crois-moi! -, car il y a des moyens qui s’offrent à toi pour surmonter les obstacles qui se dressent sur ton chemin.

Tout d’abord, tu fais bien d’attendre cet été pour dévoiler ton orientation sexuelle à ton père. Comme tu fréquentes probablement l’école, il serait préférable de ne pas perturber la session en cours avec une source supplémentaire de stress. Puis, lorsque tu te sentiras prêt à lui en parler, tu pourras demander à une personne en qui tu as confiance, soit un adulte, soit un ami de ton âge, d’être à tes côtés à ce moment-là. Non seulement cette présence t’apportera du réconfort et un support moral, mais, en outre, ton père sera peut-être moins enclin à manifester sa colère s’il y a un témoin…

À ce propos, il y a un élément de ton témoignage qui me trouble particulièrement : la violence de ton père. Cette violence, qui s’exerce autant sur le plan physique que psychologique, ne doit surtout pas être tolérée! En effet, la Constitution de notre pays protège les droits de la personne. Ainsi, tu as parfaitement le droit d’exprimer tes doutes face à l’existence de Dieu et on ne peut, en aucun cas, te violenter à ce sujet. Même chose pour ton orientation sexuelle! Aussi, je te conseille vivement de contacter la Protection de la jeunesse (tél : 514-896-3100). Il s’agit d’un organisme qui intervient lorsqu’un jeune, comme c’est malheureusement ton cas, est victime de violence psychologique ou de rejet affectif grave de la part d’un parent. Les intervenants qui y travaillent vont pouvoir évaluer ta situation et, au besoin, te trouver un lieu sûr, soit une famille d’accueil, soit un centre d’hébergement, où tu pourras enfin vivre dans la paix et le respect.

Si jamais des idées suicidaires venaient à nouveau te hanter, n’hésite surtout pas à aller chercher de l’aide. Par exemple, l’organisme Suicide-Action Montréal (tél : 514-723-4000) offre un service d’écoute 24h sur 24, 7 jours sur 7. Par ailleurs, quand on a ton âge, il arrive que certains aspects de l’homosexualité nous soient inconnus ou suscitent des interrogations. Si c’est ton cas, je te suggère de contacter l’équipe de Gai Écoute (tél : 514-866-0103 ou www.gaiecoute.org). Enfin, si tu te sens seul et éprouve le besoin de fréquenter de jeunes gays afin d’échanger sur toutes sortes de sujets, je te recommande le groupe Jeunesse Lambda (www.jeunesselambda.org). Il s’agit d’un organisme qui propose, plusieurs fois par mois, à Montréal, des soirées de discussion et des activités sociales aux jeunes gays et lesbiennes de moins de 25 ans. Voilà une belle occasion pour toi de créer de nouveaux liens, de développer de nouvelles amitiés et de reprendre goût à la vie.

J’espère, Denzel, que ma réponse te permettra de retrouver la paix de l’âme et d’accéder enfin au bonheur. Réécris-nous si jamais tu éprouves de nouvelles difficultés ou, tout simplement, pour nous dire où tu en es dans tes démarches. Il nous fera toujours plaisir de t’entendre, de t’aider.

En cette période sombre de ta vie, je suis de tout coeur avec toi, Denzel, et toutes mes pensées t’accompagnent.

Bonne chance!

Benoît

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