Chère Massilya,
Je comprends que la probabilité de 0.3 % peut te sembler
importante.  D’un point de vue purement
statistique, tu pourrais dire que sur 1000 tests sérologiques de VIH, 3 seraient
en fait des «faux négatifs».  Il s’agit de
ce qu’on appelle la «sensibilité».  Les chercheurs
en épidémiologie utilisent un autre concept pour mesurer le fait qu’un test
négatif est vraiment négatif : on appelle ce concept « la valeur
prédictive négative ».   Sans
rentrer dans les détails, la valeur prédictive négative dépend de la prévalence
d’une maladie dans la population.  Plus la
maladie est rare dans une population, plus la valeur prédictive négative d’un
test sera élevée.  Ainsi, aux États-Unis,
dans la population générale, la sérologie du VIH a une valeur prédictive
négative excellente, soit de 99.97 %.  En
termes simples, cela veut dire qu’un Américain testé par un test Elisa qui
revient négatif pour le VIH (donc pas infecté) sera vrai 9997 fois sur 10
000.  C’est justement suite à cette
valeur prédictive élevée que le CDC américain (le centre de référence américain
pour les maladies infectieuses) considère qu’un test Elisa négatif est une
preuve concluante que l’individu n’est pas infecté.  Je ne connais pas la prévalence du VIH/SIDA
au Liban, mais la valeur prédictive négative dans la population là-bas devrait
être similaire.
Ainsi, la dure réalité à accepter est que statistiquement,
une sensibilité de 100 % pour un test médical est quasi impossible.  Et le test pour le VIH que tu as passé est le
standard, ie le test de choix aux États-Unis et partout ailleurs pour le
diagnostique du VIH.  Les experts
médicaux l’utilisent avec confiance et s’y fient partout.  Si tu n’arrives pas à être rassurée après la
multitude de tests fiables que tu as passée, peut-être devrais-tu consulter un
thérapeute ou un médecin en infectiologie qui pourra voir avec toi comment te
soulager de ton inquiétude.  Je te le
souhaite, en tout cas.
Espérant le tout plus clair,
Sincèrement,
Dr. Frédéric Picotte
Médecin de famille