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1 mai 2015

J'ai l'impression de n'entrer dans aucune catégorie de genre!

J’ai commencé à me questionner sur mon genre à la puberté, puis il y a eu une pause, et aujourd’hui, c’est revenu. J’ai tout de même réussi à comprendre que j’étais bi/pansexuelle, c’est déjà ça. Je passe plus de trois heures par jour à réfléchir à mon genre et cela me rend très anxieuse. Jusque-là, ça va, mais je suis une femme cissexuelle et j’aime beaucoup les choses liées à la féminité.
Je voudrais exprimer comment je me sens (j’ai commencé à acheter des sous-vêtements plus masculins), mais je ne veux pas me couper les cheveux. J’ai l’impression que je suis invisible parce que je n’adopte pas le style « queer » comme on voit dans les médias.
Je sais qu’il y a des communautés bigenres, genderqueer ou non-binaires, mais trouve difficile de m’intégrer parce que mon apparence physique est très féminine et qu’en plus j’ai des courbes très marquées. Je me dis que si j’étais plus mince, ce serait plus facile.
Bref, j’ai l’impression d’avoir raté être cis* et raté être trans*­.

Pascale

J’ai commencé à me questionner sur mon genre à la puberté, puis il y a eu une pause, et aujourd’hui, c’est revenu. J’ai tout de même réussi à comprendre que j’étais bi/pansexuelle, c’est déjà ça. Je passe plus de trois heures par jour à réfléchir à mon genre et cela me rend très anxieuse. Jusque-là, ça va, mais je suis une femme cissexuelle et j’aime beaucoup les choses liées à la féminité.
Je voudrais exprimer comment je me sens (j’ai commencé à acheter des sous-vêtements plus masculins), mais je ne veux pas me couper les cheveux. J’ai l’impression que je suis invisible parce que je n’adopte pas le style « queer » comme on voit dans les médias.
Je sais qu’il y a des communautés bigenres, genderqueer ou non-binaires, mais trouve difficile de m’intégrer parce que mon apparence physique est très féminine et qu’en plus j’ai des courbes très marquées. Je me dis que si j’étais plus mince, ce serait plus facile.
Bref, j’ai l’impression d’avoir raté être cis* et raté être trans*­.
PetiteFille
 
Bonjour PetiteFille,
Merci beaucoup de nous avoir fait part de ton questionnement. Depuis un certain temps, tu t’interroges sur ton genre et tu as l’impression de n’entrer dans aucune catégorie. Tu te trouves trop féminine pour être considérée comme personne trans, mais ton intérêt pour le genre masculin ne te permet pas de te sentir «à ta place» comme personne cis.
Le genre, comme tu le sais, est une construction sociale. Si certains traits liés aux genres (comme les courbes chez les femmes et la pilosité chez les hommes) sont généralement d’origine sexuelle (je dis «généralement», car il est toujours possible de les modifier et il y a des hommes qui naissent presque sans poils et des femmes presque sans courbes), la majorité des traits associés au genre féminin et au genre masculin n’ont rien de biologique. Ils se créent et changent en fonction des sociétés, des modes et des époques.
Si, aujourd’hui, avoir les cheveux longs, se maquiller, porter des talons hauts et des collants est considéré comme étant de genre féminin,  à l’époque de Louis XIV, c’était aussi des traits masculins. Aucun homme riche de l’époque n’aurait osé sortir sans être poudré et sans porter rubans, collants, jupette et talons hauts! De même, si, dans les années 60-70, les hommes poilus et moustachus étaient considérés comme très virils, dans les années 90-2000, les hommes se sont mis à se raser le corps!
Ce que je veux dire par là, c’est que comme le genre n’a rien de «naturel», qu’il est fabriqué, eh bien c’est normal que les différentes catégories que nous avons créées pour nommer ces genres ne puissent pas convenir à tout le monde. Dire que les gens sont soit des hommes ou des femmes est extrêmement réducteur. Ce serait comment dire qu’il n’existe que deux couleurs. Or, on ne peut pas tout décrire en utilisant seulement le rouge et le vert.
Ce qui te limite ici, ce n’est donc pas ton genre propre, mais notre langue. On manque de mots pour exprimer toute la diversité des genres humains. À titre d’exemple, la langue des Inuits contiendrait près de 300 mots juste pour décrire les différentes variations présentes dans la neige et la glace. Imagine si on avait un tel vocabulaire à notre service!
La question à te poser est : pourquoi désires-tu nommer ce que tu es? Est-ce pour mieux te comprendre, pour mieux te situer par rapport aux autres, pour avoir un sentiment d’appartenance à un groupe, etc.? La réponse à cette question devrait t’aider à savoir si, oui ou non, tu as vraiment besoin de te placer dans une catégorie.
Si tu désires mettre un nom absolument sur ton genre, tu peu toujours dire que tu es à mi chemin entre certains genres ou carrément t’inventer toi-même un nom! Les nouveaux mots commencent comme ça : quelqu’un les invente et les fait connaître puis ils sont officiellement reconnus.
Si tu as l’impression que ton questionnement devient obsessif, qu’il est difficile à vivre ou qu’il génère chez toi de l’anxiété, tu peux aussi consulter un sexologue ou un psychologue spécialisé dans l’identité sexuelle. Ces gens ne t’aideront pas à trouver quelle étiquette te convient parfaitement, mais ils pourraient t’aider à mieux vivre telle que tu es.
Bonne chance avec ton questionnement,
Pascale

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