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29 mars 2024

Toujours pas compris qui je suis vraiment !

Cheminement au fil des ans: refoulement et conformisme!

Nathan

Bonjour!
J’ai clavardé avec Gai Écoute aujourd’hui. J’ai 35 ans et c’était la première fois que je parlais de ma crise identitaire de genre. La personne m’a parlé de ce site. Alors me voilà!
Je suis né dans un corps de femme, mais mon cheminement depuis mon enfance m’a toujours laisser dans le doute quant à ma réelle identité.
Je me souviens de moment de frustration d’être une fille à l’époque. J’ai l’impression que j’étais plus qu’un ti-gars manqué. En plus d’être et de jouer comme les gars de mon âge, j’avais l’obsession de regarder mes organes pour voir si mon pénis poussait. Découragé, assez tard 8-9 ans, j’ai demandé à ma mère quand mon pénis allait grandir… Surprise, elle m’a répondu que j’étais une fille et que j’en aurais pas. Je le savais déjà, mais je gardais beaucoup d’espoir et j’avais besoin d’une confirmation je crois. Malgré tout, sa réponse m’a traumatisé et quand j’y pense, je ressens encore le déchirement intérieur du moment. Aujourd’hui, je rationalise et j’essaie de percevoir ce moment comme l’explique Freud avec l’envie du pénis. J’ai dû resté bloqué là, parce que par la suite, ça continué de diverses manières.
Par exemple, ma mère voulait que je m’habille en robe lors d’évènements spéciaux. C’était non à chaque fois, sauf une. La honte! Le pire, quand je suis revenu de l’activité, je montais les marches et mon ami et voisin d’en face a ouvert la porte d’entrée du bloc. J’ai couru jusqu’à chez moi pour qu’il ne me voit pas ainsi. Je me sentais totalement ridicule habillé de la sorte.
Puis à mes 11 ans, j’ai eu mes règles. Ma mère : « oh ma fille est une femme! »… Si j’avais été impulsif, je lui aurais sauté dessus! Refus total de devenir une femme, ce n’est pas moi. Même chose pour l’obstination sur tous les changements de la puberté et de l’adolescence . Rasage, épilation, port du soutien gorge, vêtements… Au secondaire, je me cachais sous des vêtements sports et amples, voire beaucoup trop grand, bref ce qui se rapprochait le plus des gars dans les rayons féminins et ample pour cacher mes formes. À cette période, j’ai des traits masculins et aucune envie de changer quoi que ce soit. Même mes gros sourcils et mon début de barbe (hirsutisme). Aucune envie pour les gars. Je me fais intimider, écoeurer par beaucoup de jeunes, surtout des gars qui n’avait pas encore de poil au visage et des filles qui comprenaient sûrement pas pourquoi je ne faisais rien… Je collais des images d’hommes dans mon agenda scolaire et pointais des gars quand j’étais avec mes amis pour cacher mon attirance pour l’une d’elle. Je ne me voyais pas et je ne me sentais pas comme une lesbienne, je souhaitais avoir des relations intimes avec elle comme un homme l’aurait fait (mes fantasmes sont toujours ainsi aujourd’hui).
Je vieillis. Durant la vingtaine, mon père met de la pression pour que je rase mon menton et la moustache, me maquille, que je m’épile les sourcils, etc. Il veut que je sois une femme. Une belle femme! Il accumule les rdv chez une esthéticienne pour qu’elle me donne des trucs pour le maquillage et qu’elle m’épile les sourcils… Je me résigne et j’y vais à chaque fois.
Dans les dernières années, je me suis conformé. Je m’habille un peu plus féminin, je prends soin de mon visage et je me maquille pour mon père, la famille et le copain du moment. Oui, j’ai même essayé d’être la parfaite hétéro même si je n’avais aucune attirance et même si sur le plan sexuel, c’était une catastrophe… J’ai blessé des hommes pour tenter de me convertir! Je m’en veux et je regrette. J’ai tenté avec des femmes aussi. Ça m’a permis de constater que j’avais un peu plus de sensations fortes, mais toujours le sentiment de ne pas pouvoir être à la hauteur, car il me manquait le principal: mon organe. Maintenant je reste seul. Je ne veux pas blesser d’autres personnes.
Quand j’ai besoin de linge, je me vois parfaitement dans un morceau pour homme sans trop chercher. Je le prendrais et je sortirais aussitôt. J’aime le linge pour homme. Quand j’arrive dans les rayons où je dois aller, je cherche, je tourne en rond, j’hésite: trop décolleté, trop serré, trop chic, trop matante, j’aime pas les agencements de couleur, les motifs… Y’a toujours quelque chose.
Parfois, je m’isole pendant quelques jours, je me laisse pousser la barbe, je m’habille en homme et je rêve à ce que j’aurais pu être en tâtonnant du bout des doigts la petite pousse qui gratte sur mon menton. Ça me détend, je me sens bien et c’est comme si ça me donnait un break psychologique. J’écris des nouvelles pendant ce temps. Je suis mon personnage, Nathan, dans la majorité d’entre elles.
Mes jobs ont toujours été dans des domaines où les femmes sont très minoritaires. Opérateur de machinerie, appareillage, mécanique. J’ai l’impression de penser plus comme un homme aussi. Je ne sais pas.
Malgré tout, je doute. Est-ce vraiment ce que j’aimerais, ce que je suis ou je fantasme tout simplement? Est-ce seulement dû à mon trouble de personnalité? Est-ce que j’écris tout ceci pour me convaincre d’une chose qui ne devrait pas? Est-ce la peur de me dévoiler trans qui me fait douter?
J’ai souvent imaginé ce que ce serait d’aller vers l’avant. À chaque fois je ressens de la peur. Beaucoup de peur et même de l’angoisse. Est-ce que je serais capable de supporter la pression sociale, les préjugés, l’incompréhension de mon père, la famille. Moi qui vit pour les autres et en fonction des autres, est-ce que je serais capable d’assumer un tel changement? Je crois qu’il y a beaucoup de choses qui sont problématiques en moi pour y arriver. Par contre, si j’avais la possibilité d’arriver sur terre pour la première fois en tant qu’homme, je sauterais tout de suite sur l’occasion.
La semaine passée, j’ai décidé d’entreprendre des démarches pour débuter une autre thérapie. Je n’avais pas l’intention de parler de ce point en particulier. Je voulais régler mon trouble de personnalité. Aujourd’hui, je m’aperçois que si je me déteste autant, c’est peut-être parce que je n’ai jamais exprimé ce questionnement à qui que ce soit et qu’il serait temps! J’y pense fortement, depuis que j’ai clavardé aujourd’hui. Je crois qu’il serait inutile de travailler sur moi et ma personnalité si je doute au fond de moi de mon genre. C’est pour cette raison que je fais ce témoignage aussi. Je tente de laisser sortir le tout. Voir comment je réagis aussi, ce que ça me fait de le partager.
Merci!
Nathan
Même si c’est anonyme, pas évident de cliquer sur envoyer!

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