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29 mars 2024

Les hormones me manquent... J'ai peur d'en parler à mon médecin...

Guillaume Perrier

(Mise à jour : 10 avril 2018)

Je vous ai écris en 2014 lorsque j’ai commencé à prendre de l’œstrogène et je vous demandais si ça pouvais avoir des incidences sur ma santé mentale, et bien aujourd’hui en 2019 je peux vous affirmer que oui.

Lorsque j’ai commencé à prendre des hormones j’ai ressenti un bien être total à l’intérieur de moi-même. Je m’explique: j’ai eu des idées suicidaire et ressenti un grand vide à l’intérieur de moi depuis toujours. De 2014 à 2017 j’ai pris de l’œstrogène et je n’ai jamais penser pensé au suicide ni ressenti ce vide pendant ce temps. J’avais plus envie de pleurer un peu plus pour n’importe quoi et j’avais les seins sensible mais j’étais bien dans mon corps et ma tête.
Voilà donc depuis 2017 j’ai du arrêter ma prise d’hormones et depuis, retour de ce mal d’être, retour des idées suicidaires ce vide etc…
Je peux donc vous confirmer que le fait de prendre des hormones change vraiment tout. Malheureusement je prenais des hormones acheté sur le net sans prescription et aujourd’hui malgré tout le bien ressenti pendant ce temps, j’hésite à demander à mon médecin de me prescrire des hormones.
J’ai peur de sa réaction en tant qu’homme de lui demander si elle peut me prescrire de l’oestrogel comme je prenais avant. Je suis perdu et j’ai parfois peur de moi-même.
Les hormones me manquent 🙁
George
 
Salut George!
 
Merci de la confiance que tu portes de nouveau envers AlterHéros. Si je comprends bien ta situation, tu dis avoir utilisé des hormones d’œstrogène de 2014 à 2017. Pendant cette période, tu as noté des impacts positifs sur ta santé mentale. Or, suite à l’arrêt de la prise d’oestrogène en 2017, les différentes idéations suicidaires sont revenues.
 
Tu affirmes que tu te procurais de l’oestrogène sur Internet et que tu ressens du malaise, aujourd’hui, à demander à ton médecin une prescription d’hormones, même si les hormones semblent te manquer beaucoup.
 
D’abord, j’aimerais souligner ton courage de nous partager ta situation! Sache qu’à nos côtés, tu peux te sentir en sécurité de discuter d’hormonothérapie, de santé mentale, de marché noir et de transition !
 
Dans un premier temps, j’aimerais te demander quelles étaient tes motivations initiales à consommer de l’oestrogène? Est-ce que tu souhaitais (ou souhaites toujours) entamer un processus de transition vers une identité de genre ou une expression de genre correspondant davantage à qui tu es? Si tu as des questions plus précises concernant ton identité de genre, je t’invite à nous écrire de nouveau et il nous fera plaisir de t’accompagner dans ces questionnements, s’il y a lieu. 🙂 Puis, qu’est-ce qui t’a motivé arrêter la prise d’hormones en 2017?
 
Dans un deuxième temps, il est vrai qu’il est possible de se trouver des hormones sur le marché noir, via des ami.e.s ou sur Internet. Plusieurs personnes trans prennent la décision de se procurer leurs hormones via ces réseaux alternatifs, que ce soit par craintes de vivre une mauvaise expérience via le milieu de la santé ou parce que leur statut au pays est précaires et qu’elles n’ont pas accès au système de santé publique. Peu importe leurs motivations, la prise d’hormones sans ordonnance répond à un besoin important pour ces personnes et il est nécessaire de le souligner! Toutefois, lorsque les personnes trans obtiennent des hormones sans ordonnance, la marque et le type d’hormones peuvent changer constamment. Elles peuvent aussi souvent ignorer les dosages appropriés et les modes d’administration des hormones. À titre d’exemple, il est fréquent que l’oestrogène trouvée sur le marché noir ne soit en réalité que des pilules contraceptives, dont la concentration d’oestrogène sera beaucoup plus faible que l’oestrogène traditionnelle.
 
L’accès aux hormones n’étant pas toujours un processus facile pour l’ensemble des personnes trans, il est donc possible qu’une personne trans se procure déjà ses hormones sur le marché noir ou via des connaissances. Il s’agit d’un choix individuel qui répond à ses besoins du moment et qui fait un sens dans son contexte de vie actuel. Si cette personne note des effets indésirables sur son corps, il est important de se rendre à l’urgence pour un suivi médical adéquat. Entamer un processus d’hormonothérapie avec le soutien d’un.e médecin permet d’avoir un suivi sur les effets secondaires possibles et sur les différentes doses à administrer.
Voici d’ailleurs les différents effets secondaires de la prise d’oestrogène, classés selon les effets permanents et les effets réversibles, selon le site internet Santé Trans Health :
L’oestrogène et ses effets
Changements permanents

  • Développement du tissu mammaire
  • Risque de stérilité

Changements réversibles (si l’hormonothérapie est interrompue)

  • Perte de la fonction érectile (érections spontanées et matinales) et difficulté à maintenir   une érection assez ferme pendant la pénétration
  • Diminution des problèmes d’acné
  • Diminution et ralentissement de la chute des cheveux
  • Adoucissement de la peau
  • Pilosité faciale et corporelle moins apparente
  • Redistribution du gras de l’abdomen vers les cuisses et les fesses suivant un profil   typiquement féminin
  • Changements au niveau de la libido et diminution de la libido

En troisième lieu, tu dis que la prise d’hormones te manquent, notamment parce que ta santé mentale est devenue davantage instable depuis 2017. Si tu ressens le besoin de parler ou si tu as de nouveau des idéations suicidaires, s’il te plait, n’hésite pas à contacter l’une de ces ressources ici-bas. Il s’agit de ligne d’écoute 24 heures sensibilisées aux situations liées au genre et à la prise d’hormones. Tu as de l’importance!

La prise d’hormones peut effectivement avoir un impact sur la santé mentale. Pour certaines personnes, la prise d’hormones permet de se reconnecter avec son propre corps et ses émotions, tout en se sentant davantage en concordance avec son identité de genre. C’est quelque chose de très personnel dont chaque personne a la liberté de définir les effets. La prise d’hormones peut avoir de gros impacts physiques et psychologiques, c’est pourquoi il est généralement recommandé de faire des bilans sanguins régulièrement pour s’assurer que tout va bien!
 
Je comprends qu’il peut être intimidant de parler à son ou sa médecin des questions liées à l’hormonothérapie. Toutefois, il est possible de lui communiquer que tu t’es déjà procuré des hormones sur le marché noir et que tu as noté un énorme changement au niveau de ta santé mentale. Ce serait l’occasion de lui demander une solution de rechange à l’utilisation sans surveillance d’hormones achetées sur internet et de pouvoir lui parler, si c’est le cas, de tes besoins en terme de transition. Il se peut que tu sois mal à l’aise de discuter de ce sujet avec cette médecin en particulier. Toutefois, il s’agit de ta santé, de tes choix concernant celle-ci et de tes besoins précis en terme de transition, s’il y a lieu. Ton médecin a la responsabilité de t’accompagner dans ce processus et non pas de porter un jugement de valeur sur ton identité de genre ou sur tes besoins en terme de transition. Si en parler à ta médecin actuelle n’est pas une solution envisageable pour toi, sache qu’il existe de plus en plus de médecins travaillant auprès de personnes trans et pouvant faire des prescriptions d’hormones, sous plusieurs conditions, via le processus de consentement éclairé. 
 
Une personne trans déterminée à commencer l’hormonothérapie peut obtenir sa prescription d’hormones auprès d’un.e médecin généraliste sans lettre de recommandation d’un.e sexologue ou psychologue. Lors de la première rencontre, le médecin fera une évaluation de la demande pour s’assurer que les conditions médicale nécessaire à l’hormonothérapie sont rencontrées. Dans ce cas-ci, le ou la patient.e doit signer un formulaire de consentement informé avec son ou sa médecin où il ou elle atteste comprendre les risques de l’hormonothérapie et retirer toute responsabilité à la médecin concernant de potentielles complications reliées au traitement. Ce parcours simplifié est adopté par une minorité de médecins. Il est possible de contacter ton association LGBTQ+ régionale pour savoir quel.le médecin offre ce service dans ta région. Par exemple, tu peux écrire directement à AlterHéros, ou bien à ASTT(e)Q qui est un groupe de soutien pour la promotion de la santé chez les personnes trans et basé à Montréal afin de connaître quelques médecins offrant ce service.
 
J’espère avoir su répondre à tes questionnements ! Et surtout, n’hésite pas à nous écrire à nouveau en cas de besoin. Nous t’écouterons et te supporterons du mieux que nous le pouvons !
Solidairement,
 
Guillaume, pour AlterHéros
 
Réponse du 6 avril 2018

Voici quelque réponses au questions que vous m’avez posé lors de mon dernier message.
Ma motivation première de prendre des hormones est que je me suis toujours senti femme et pour avoir une partie de féminité était de faire développer mes seins sans vraiment tout changer. Ce que j’ai réussi j’ai maintenant un petit 38aa que j’adore par contre j’aimerais qu’ils soient un peu plus gros.
Par la suite, ce qui fait que j’ai arrêté l’oestrogène, c’est que mon fournisseur qui avait des prix très abordable a fermé et que toutes les autres trouvé sur le net sont près du double de celui où je les achetais.
J’avais trouvé un fournisseur d’oestrogel, comme je n’ai pas confiance aux pilules et que le gel est moins dur pour les reins ça faisait mon bonheur.
Vous parlez des effets sur le corps permanent et réversible, le développement des tissus mammaires est mon but premier.
Le risque de stérilité, je m’en fout car je ne désire pas d’enfants.
La perte de la fonction érectile, aucun problème et ma copine commence à être habitué aussi.
La diminution de l’acné parfait
Diminution de la perte de cheveux parfait
Adoucissement de la peau, ma copine adorait ça
Redistribution du gras vers les cuisses et les fesses aucun problème avec ça mais pour l’instant le ventre a grossit comme une femme enceinte de quelques mois.
Changement au niveau de la libido, j’en ai déjà pas beaucoup donc ça ne change pas vraiment grand chose pour moi.
Ma copine ne sait pas que j’ai pris des hormones mais elle a bien apprécié certain changement étonnamment même mes seins sont apprécié.
Je prenais 2 réglettes d’oestrogel, je ne sais pas si c’était trop ou pas assez mais je peux vous garantir que je filait beaucoup mieux dans mon corps et dans ma tête.
Oui dans un monde parfait, je ferais une transition complète mais comme je suis en couple et j’aime ma femme, juste l’oestrogel comme je prenais serait l’idéal. J’en ai pris pendant 3 ans avec un peu de finasteride et la vie était belle.
Justement, ma poitrine qui a poussé naturellement, la peau plus douce, la barbe qui poussait un peu moins vite, plus de cheveux etc… quoi demander de plus.
Bonne journée à vous et merci encore pour votre temps !
Salut George !
 
Merci encore une fois de nous écrire! Je suis heureux de savoir que notre réponse t’a satisfait. Pour ma part, je tiens encore une fois à souligner ton courage et ton aisance à discuter de ces sujets! Tu sembles bien au courant de tous les effets associés à l’hormonothérapie; tu es très articulée lorsque tu parles que tu te sens d’abord et avant tout femme et, finalement, tu sembles bien en paix avec la possibilité de poursuivre une quelconque forme de transition!
 
Dans ce présent message, je m’attarderai à répondre à certaines interrogations complétaires que tu nous as formulées.
Tout d’abord, tu dis que ta première motivation de prendre des hormones est que tu t’es toujours sentie femme. L’identité de genre est effectivement un sentiment profond, intime et persistant, il n’y a que toi qui peux déterminer ton identité de genre. Cette seule phrase démontre, tout simplement, que tes ressentis sont valides et que tu es une femme, si telle est la façon que tu t’identifies.
Par la suite, tu fais référence que tu utilisais de l’oestrogel, soit de l’oestrogène sous forme de gel. Par rapport à l’oestrogel, je me permets de rappeler quelques consignes d’usage de base (tant pour toi que pour l’ensemble des personnes qui liront également cette réponse!). Lorsqu’on applique de l’oestrogel sur le corps (idéalement sur la face externe d’un bras, depuis le poignet jusqu’à l’épaule. Les autres surfaces recommandées sont l’abdomen ou l’intérieur des cuisses), il est préférable de le faire sur une peau propre et sèche, donc après la douche. Il est important de se laver les mains après l’application et d’attendre quelques minutes avant de mettre des vêtements. Ne jamais appliquer le gel sur les seins ou le visage ni sur une peau irritée ou meurtrie. Si une deuxième dose de gel doit être appliquée, il est recommandé d’utiliser le deuxième bras. Le gel contient de l’alcool, il est donc nécessaire de se tenir éloigné d’une source de feu ou de fumer jusqu’à ce que le gel ait entièrement séché.
Il y a toutefois d’autres façons d’utiliser de l’oestrogène : les patchs, les comprimés ou même l’injection (l’oestrogène par injection n’est pas disponible de façon légale au Canada, mais plusieurs personnes s’en procurent toutefois sur le marché noir). C’est en rencontrant un.e médecin ou un.e endocrinologue que tu pourras faire le meilleur choix du type de consommation d’oestrogène selon tes besoins et tes préférences. Je me permet de te recommander la liste des professionnel.le.s de la santé exerçant dans le domaine de la santé trans dans la région de Montréal : tu peux consulter cette liste à cet effet ! Ces professionnel.le.s ont une approche très friendly avec les personnes ayant des questionnements sur leur genre et pourront t’expliquer les démarches d’accès à des prescriptions d’oestrogène.
Je crois que tu as présentement une approche d’écoute magnifique par rapport à ton corps, tes besoins, ton identité et ton coeur. Il n’y a certes aucune presse à débuter une transition, et chaque personne peut définir les objectifs de transition désirés. Si la prise d’hormones constitue présentement ton principal besoin de transition, alors c’est très bien aussi. Tu demeures libre de décider de tes objectifs de transition et d’y aller avec le temps que tu jugeras nécessaire. 🙂 En ce qui concerne le fait de débuter une transition tout en étant en couple avec ta femme, je suis conscient que la transition dans un couple peut parfois être difficile pour les partenaires d’impliqué.e.s, mais il y a aussi de magnifiques histoires où le ou la partenaire a offert tout le support et l’amour nécessaire à sa ou son partenaire tout le long de la transition.
Au sujet de la transition et des relations de couple, je te suggère de jeter un coup d’oeil à ces anciennes questions concernant ce sujet :
Je te rappelle qu’il est également possible pour toi de prendre contact avec certains groupes de soutien pour personnes trans dans la grande région de Montréal, notamment via Astt(e)q et l’ATQ ! Il peut être enrichissant de partager nos réflexions et questionnements avec des personnes directement concernées par ce sujet.
Au plaisir d’avoir de tes nouvelles ! 🙂 Et hésite pas si tu as d’autres questions.
Guillaume, coordonnateur de l’intervention pour AlterHéros

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