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4 juin 2019

Transition: Et si je me trompais ? Et si c'était pour attirer l'attention ? Et si c'était pour rompre la routine ?

Alors voilà , ça fait assez longtemps que je me questionne sur mon genre : Né(e) fille , je faisais bien avec , j’était une petite fille modèle , bien sage à l’école qui aimait bien les robes (parce que ça tourne !) . C’est vers le collège que tout s’est chamboulé … J’ai commencé à rejeter un peu mon image de fille pour me tourner du côté «Tomboy» , garçon manqué . Bon , j’essayais d’être féminines quelques fois , parce que les garçons ne s’intéressaient pas à moi , mais je ne me sentais pas vraiment à l’aise .
Je me suis dit que c’était une période normale dans la vie d’une jeune fille que de vouloir être un garçon . Alors j’ai laissé de côté . Du moins , j’ai tenté.

Jeanne

Bonjour !
Alors voilà , ça fait assez longtemps que je me questionne sur mon genre : Né(e) fille , je faisais bien avec , j’était une petite fille modèle , bien sage à l’école qui aimait bien les robes (parce que ça tourne !) . C’est vers le collège que tout s’est chamboulé … J’ai commencé à rejeter un peu mon image de fille pour me tourner du côté «Tomboy» , garçon manqué . Bon , j’essayais d’être féminines quelques fois , parce que les garçons ne s’intéressaient pas à moi , mais je ne me sentais pas vraiment à l’aise .

Je me suis dit que c’était une période normale dans la vie d’une jeune fille que de vouloir être un garçon . Alors j’ai laissé de côté . Du moins , j’ai tenté. C’est vers la 4ème que je l’ai le plus ressenti , cette incompréhension de moi même … Je ne paraissais plus féminine , malgrés mes cheveux longs ,et je me fichais d’être populaire auprès des garçon . En fait , quand certains me trouvaient jolie ou mignonne , ça me mettait mal à l’aise … C’est flatteur , mais … Et c’est en 3ème que ça à été la catastrophe : Je me suis coupé les cheveux , et j’ai définitivement jeté mes robes , maquillages … On m’appelait monsieur ou jeune homme un peu partout , et ça me faisais plaisir . J’ai même été qualifié de «mignon» et autres par des filles de mon âge (qui ignoraient que , en fait , je ne savais pas trop ce que j’était). Me travestir en garçon était un jeu qui est devenu une adiction , je ne voulais plus qu’être Gabriel , aux yeux de tous . Je me suis un long moment identifié à un «mec trans» , et ça allais plutôt bien , jusqu’à ce que les doutes m’envahissent : Et si je me trompais ? Et si c’était pour attirer l’attention ? Et si c’était pour rompre la routine ?
Je ne trouve pas que je sois une fille spécialement laide , et je ne hais pas mon corps , et c’est de là que viens une bonne partie de mes doutes . C’est juste que je n’arrive pas à le définir comme étant le mien … Je suis perdu.e et j’aimerais bien savoir ce que je suis , si mon parcours vous semble normal ou non . Je sais bien que personne ne pourra déterminer pour moi qui je suis , mais les doutes me rongent …Je ne pense pas être Non bianire ou genderfluid , j’hésite entre «réel garçon» ou «fille qui fais sa crise d’adolescence»… Voilà , en espérant que vous puissiez m’apporter une réponse , merci d’avance ,
Gabriel(e)
Salut Gabriel(le) !
Merci de faire confiance à l’équipe d’AlterHéros pour te soutenir dans tes réflexions. Ça me fait très plaisir de te répondre !
Je reformule rapidement ta question. Tu dis que ton sexe assigné à la naissance est féminin, mais que depuis quelques années, tu préfères afficher une allure masculine et qu’on te perçoive comme un garçon. Ainsi, tu te questionnes sur ton identité de genre, tu ne sais pas si l’identification « garçon trans » te convient réellement. C’est bien ça ? Je vais tenter de te donner quelques pistes de réflexion.
Comme tu l’as toi-même mentionné, personne ne peut déterminer ton identité pour toi, c’est une réflexion qui t’appartient entièrement. Je sais, ça peut sembler angoissant… Mais je suis certaine que c’est un processus qui t’amènera à ressentir beaucoup de fierté. Tu as fait le choix de te questionner afin de découvrir qui tu es vraiment, quitte à contourner les normes sociales; c’est très courageux de ta part.
Premièrement, tu te demandes si tes questionnements en lien avec ton identité de genre et le fait que tu te sois identifié(e) comme un « mec trans » dans le passé peuvent être un moyen d’attirer l’attention ou de briser la routine. Je comprends tes inquiétudes; nous évoluons dans une société cisnormative qui a tendance à discréditer l’importance des questionnements en lien avec l’identité de genre, les faisant parfois passer pour des caprices ou des symptômes de la crise d’adolescence… Mais ce n’est pas le cas ! Évidemment, je ne peux pas te dire si cette identification te convenait ou si tu te trompais, la réponse t’appartient. https://fneeq.qc.ca/wp- content/uploads/Glossaire-2017-08-14-corr.pdf)Cependant, je peux t’assurer que tes doutes sur ton identité sont valides et que tu as entièrement le droit d’explorer cet aspect de ta personne à ton aise, à ta manière et à ton rythme. D’ailleurs, tu nous demandes si nous trouvons que ton parcours est normal… Oui, absolument ! Rassure-toi, il n’y a pas deux parcours qui soient identiques et il n’y a pas de meilleurs ou de moins bon parcours.
Tu dis aussi qu’une bonne partie de tes doutes quant à ton identité de genre vient du fait que tu ne hais pas ton corps. Dis-toi bien que les personnes trans ou non-binaires n’ont pas toutes des sentiments très négatifs comme de la haine ou du dégoût à l’endroit de leur apparence ou de leurs corps. Souvent, elles ne ressentent qu’un manque de concordance. Ce sentiment ne t’est sûrement pas étranger puisque tu mentionnes que tu n’arrives pas à définir ton corps comme étant le tien. Le fait que tu ne détestes pas ton corps ne signifie donc pas nécessairement que tu t’identifies au sexe qui t’a été assigné à ta naissance.
J’ai retenu que tu as dit que ça allait plutôt bien lorsque tu t’identifiais en tant que garçon trans. D’après moi, il s’agit d’une affirmation importante puisque ton ressenti associé à l’expérience d’un genre ou d’un autre est la chose qui importe le plus. Tu nous donnes plusieurs indices laissant supposer que l’identification au genre masculin te convenait bien. Je pense qu’il serait pertinent que tu te demandes d’où viennent les éléments qui te font douter qu’il s’agit du genre qui te représente. Viennent-ils de toi, de ton ressenti ? Ou plutôt de l’extérieur, des pressions sociales? Si tu parviens à identifier d’où viennent tes doutes, je crois que cela t’éclairera beaucoup et te permettra de cheminer.
Par ailleurs, j’aimerais te demander si tu connais la différence entre l’identité de genre et l’expression de genre ? Je cite mon collègue Guillaume Perrier :
« Selon les définitions de Interligne, l’identité de genre se traduit chez toutes les personnes, peu importe l’orientation sexuelle, par le sentiment ou l’expérience individuelle d’être un homme, une femme ou d’être de genre neutre ou fluide et ce peu importe le sexe biologique ou assigné à la naissance. Toujours selon Interligne, l’expression de genre concerne la manière de percevoir son identité de genre et de l’exprimer socialement par le biais de caractéristiques et de comportements observables pour autrui, tels que l’apparence physique, les codes vestimentaires, les codes langagiers (p. ex. pronoms, prénom), la gestuelle, la personnalité ainsi que les autres attributs liés aux genres. »

Voici où je veux en venir : chez certaines personnes, l’identité de genre et l’expression de genre ne sont pas en concordance. Cela signifie qu’une personne peut s’identifier à un genre, tout en préférant exprimer les caractéristiques associées à autre genre. Peut-être est-ce une possibilité qui te parle ? Je t’invite à lire la réponse complète de Guillaume, car je pense qu’elle pourrait t’amener d’autres pistes de réflexion intéressantes.
Pour finir, c’est important que tu saches que ton identité de genre constitue une dimension de ton identité globale, mais pas son intégralité. Il y a plein d’autres caractéristiques, rôles, qualités, défauts qui te définissent. Ainsi, même si ta démarche réflexive concernant ton identité de genre venait à prendre un peu plus de temps que prévu, tu n’en demeures pas moins un individu à part entière. Donc, prends ton temps, rien ne presse ! Je suis consciente que les doutes qui t’habitent prennent beaucoup de place dans ta tête et mobilisent une bonne partie de ton énergie. C’est important que tu prennes soin de toi, que tu prennes le temps de souffler et de faire des activités qui te plaisent. Parfois, les réponses nous apparaissent dans des moments inattendus, alors que notre esprit est complètement ailleurs.
Je te suggère aussi d’identifier des personnes autour de toi (ami.e.s, membres de ta famille) avec lesquels tu es à l’aise de discuter de ces questionnements. Tu pourrais également faire appel à un.e psychologue ou un.e intervenant.e psychosocial.e qui t’offrirait un soutien plus individualisé et à plus long terme. Finalement, il y a aussi des organismes qui viennent en aide aux personnes issues de la diversité sexuelle, je te suggère celui-ci, dans ta région : Queer-Auvergne !
J’espère que ma réponse t’aidera à progresser dans tes réflexions ! À la lecture de ta question, j’ai tout de suite perçu que tu possèdes une très bonne capacité d’introspection. Fais toi confiance, continue à t’écouter et à explorer et je suis convaincue que tu trouveras les réponses qui te permettront de t’épanouir. N’hésite pas à nous réécrire si tu as d’autres questionnements ou si tu as envie de nous tenir au courant de ton cheminement !
Bon courage !
Jeanne

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