Intimidation scolaire - Mon vécu

Ce témoignage explique mon histoire vécu au secondaire.

Jm90

Tout le long de mon secondaire, j’ai surtout été victime d’intimidation (harcèlement psychologique). Par conséquent, ma réputation a été souillée par les moqueries des autres bien malgré moi. Il est évident qu’il est impossible d’avoir une quelconque relation amoureuse dans ces conditions. On m’a souvent traité de « salaud, innocent, téteux de profs, fif, tapette » et autres bêtises dépassant l’entendement du genre dans le but d’humilier, de rabaisser ou de démolir mon « moi » intérieur. La violence physique, verbale, psychologique et sexuelle était présente au quotidien. Je me souviens qu’en secondaire 1, je mangeais mon dîner dans les salles de bains, la porte fermée pour éviter d’être harcelé psychologiquement. J’ai aussi pensé à mettre fin à mes jours en secondaire 1 et en secondaire 4.
Lors des retours à la maison en autobus, le harcèlement psychologique se poursuivait. On m’a déjà caché ma boîte à lunch à plusieurs reprises sous le banc par exemple. Je recevais souvent de la part des gens derrière moi, des pichenottes aux oreilles, des gifles derrière la tête, des coups de pied dans le dossier. De plus, lorsque je voulais prendre un siège, mais que l’on retrouvait au moins une personne sur chaque banc, la majorité des étudiants me disaient que c’était réservé dans le but que je ne me retrouve pas avec eux. C’était un leitmotiv ce genre de problématique. La plupart du temps, même si je m’assoyais derrière le chauffeur, ça ne changeait rien du tout à la violence verbale. Il n’est jamais intervenu, jamais.
Du secondaire 2 jusqu’en secondaire 5, j’ai fréquenté une école publique et pour cause, notre famille à dû déménager, mais cette école n’était guère mieux. J’ai déjà eu de nombreuses ecchymoses, une boîte de mouchoirs en plein visage, des menaces de mort sous forme de cyberintimidation, des papiers collés sur mon casier et dans mon dos à mon insu, on a aussi remplacé mon cadenas par un autre dont je ne connaissais pas la combinaison. Il m’est aussi arrivé de recevoir des boules de papiers mâchés soufflés à l’intérieur d’une paille. Il m’arrivait fréquemment que mon nom soit utilisé pour une blague que les étudiants se racontaient entre eux.
On a aussi raconté des milliers de rumeurs à mon sujet et deux garçons ont déjà tenté de me taxer. J’ai aussi retrouvé mon étui et son contenu dans une poubelle, on m’a aussi demandé clairement si j’avais déjà goûté à ma semence, disons-le ainsi. Lorsque je posais une question au professeur durant son cours, les autres riaient juste à m’entendre parler. C’était une véritable « tradition ». On a ri de moi en me pointant du doigt pour les vêtements que je portais à l’époque, ma manière de parler, les mots que j’utilisais, ma voix déjà plus aiguë que la plupart des autres garçons de mon âge, jusqu’à rire de la manière dont je m’assoyais sur une simple chaise. J’ai aussi eu la surprise de me faire harceler en plein centre-ville en présence « de monsieur et de madame tout le monde » par un élève de ma classe lorsqu’il n’y avait pas de cours. Un jour, un élève de ma classe s’est déjà approché de moi à mon casier en me disant: « J’ai perdu un pari et la conséquence est de porter tes vêtements que tu portes en éducation physique. Peux-tu me les prêter ? » J’étais tellement gêné… j’étais complètement stupéfait, j’avais tellement honte…
Pour dévoiler le pire, en secondaire 5, suite à la dénonciation d’une situation vraiment particulière que j’ai faite à la directrice de l’établissement institutionnel, nous avions convenu d’appeler les autorités dans le but de porter plainte pour de la grossière indécence. Pour expliquer brièvement la situation, j’étais assis à ma place dans la salle d’habillage suite au cours d’éducation physique qui tirait à sa fin. Un élève de la classe s’est approché de moi, complètement déshabillé, il jouait avec son sexe pour ainsi dire et il m’avait demandé de le regarder. Ce que je n’ai jamais fait d’ailleurs. J’avais tellement honte, j’étais complètement choqué ! C’était une semaine avant la Semaine de relâche.
Expliquer tout ça, c’est peut-être bien génial, mais encore faut-il savoir comment se défendre dans tout ça. J’ai consulté de nombreux psychologues qui m’ont vraiment aidé afin de conserver un équilibre mental. De plus, j’ai dénoncé les pires cas d’intimidation à la direction de l’institution. Ça a toujours bien fonctionné, mais malgré ça, pour que le tout cesse, il aurait fallu que je dénonce tous les étudiants d’un groupe en entier. Ce qui est théoriquement impossible…
Cela dit, j’ai fort l’intention d’aider ceux qui ont été touchés de près ou de loin par le harcèlement psychologique grâce à mes études. Je n’ai pas le goût que quelqu’un passe dans le même tunnel de l’enfer que moi. Les dommages causés par l’intimidation sont beaucoup trop considérables. C’est vivre dans la peur, subir du rejet nous privant de nos relations avec nos camarades causant de la solitude (l’isolement), subir de l’humiliation nous plongeant dans la honte. L’anxiété monte en flèche tandis que la confiance et l’estime de soi descend autant. Ce n’est pas une vie.

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