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28 mars 2024

Que sait-on sur l'histoire du mouvement gai à Montréal ?

Que sait-on sur l’histoire du mouvement gai à Montréal ?

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Dès les années 1880, on retrouvait à Montréal l’existence de groupes sociaux et de lieux identifiables aux gais. En 1890, le Code criminel créait l’infraction de grossière indécence et ce fut le motif le plus souvent invoqué pour l’arrestation des homosexuels. Plusieurs autres règlements visent à réprimer les homosexuels tels que des règlement municipaux sur le travestisme, etc. Dans les années 1950 et 1960, plusieurs ont rapporté que les descentes policières dans les milieux gais étaient empreintes de violence et de haine.
Mais plus qu’une répression policière, ce sont les préjugés largement reflétés par les médias qui empêchent les homosexuels de s’afficher. Dans son livre, Ross Higgins donne des dizaines d’exemples d’articles de journaux pour montrer le mépris fortement répandu envers les gais et les lesbiennes. Dans les années 40 et 50, les médias donnent des statistiques sur l’augmentation « alarmante » d’homosexuels dans les villages et villes du Québec, on fait largement appel à la science pour renforcer les préjugés qui associent les homosexuels à des pervers sexuels, notamment les pédophiles. Plusieurs médecins témoigneront de l’importance de traiter l’homosexualité dès qu’elle se déclare.
C’est seulement à partir des années 1960 que des plus jeunes ont commencé à dire non à l’invisibilité et en sont venus à créer des groupes politiques visant à son élimination. Cette multiplication des groupes s’est accompagnée d’une explosion commerciale derrière laquelle des entrepreneurs perçoivent un marché gai intéressant.
Le mouvement gai en tant qu’institution naît au début des années 1970 avec les premiers groupes de libération. Cette naissance coïncide avec des événements survenus à New York en juin 1969. Lors d’une descente routinière dans un bar gai du Greenwich Village, les clients se sont révoltés et ont enfermé les policiers en tentant d’y mettre le feu. L’incident fut suivi de trois jours d’émeute. À Montréal, l’avènement de la Gay liberation a été porté à la connaissance des gais par le revue contre-culturelle Mainmise. Ce sont d’ailleurs les responsables de Mainmise qui ont convoqué une assemblée générale qui donnera naissance au FLH (Front de libération homosexuel) en 1971.
A Montréal, on parle souvent de la descente au bar Truxx (sur Stanley) en octobre 1997 comme de l’événement qui a constitué le grand tournant pour la communauté gaie. Une centaine de personnes représentant des organismes gais d’un peu partout en province s’étaient réunies à Montréal pour assister au premier Congrès national gai du Québec et avait fait une manifestation dans les rues de Montréal. Une semaine après la manif, des policiers armés de mitraillettes font une descente au bar Truxx et arrêtent 140 hommes qui seront accusés d’avoir fréquenté une maison de débauche et de grossières indécence. Le samedi 22 octobre, 2000 gais et lesbiennes occupent les intersections de la rue Stanley et Sainte-Catherine pour manifester contre la répression. Le lundi, le Journal de Montréal, sort avec un titre assez méprisant Les homos et la police : c’est la guerre. Toutefois, pour la première fois de l’histoire, les éditorialistes sont unanimes pour donner raison aux homosexuels.
C’est aussi seulement à la fin des années 1970 que se développe un intérêt des intellectuels pour des recherches sur l’histoire et l’identité gaie. Comme pour l’histoire des femmes, les essayistes et les historiens ont dû recourir à des sources multiples pour reconstituer une histoire qui avait été étouffée ou passée sous silence. Les autorités se sont adressés à certains groupes qu’ils reconnaissaient comme des interlocuteurs valables pour la gestion de la crise du sida dans les années 1980 ou sur l’ensemble des conditions de vie gaie et lesbiennes dans les années 1990.
Que ce soit dans la communauté ou dans le mouvement, les relations entre les gais et les lesbiennes ont toujours été complexes. En 1973, la majorité des femmes étaient choquées par l’attitude sexiste des hommes et ont fondé une organisation autonome : Montreal Gay Women. Une timide collaboration a ensuite commencé avec la fondation de la librairie l’Androgyne en 1973 qui vendait des livres sur la libération gaie et féministe.

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