Journal d'une vie amoureuse

J’ai lu les témoignages des autres et j’ai eu envie d’en faire autant… Moi aussi j’en ai vécu des moments difficiles en faisant mon coming-out. Croyez-moi, j’ai trouvé ça très pénible comme moment. Voici mon histoire!

AlterHéros

Au début, tout ce que je voulais, c’est m’amuser avec mes petits voisins. J’aimais ça parce que on jouait au Powers Rangers et c’était mon émission favorite. J’étais toujours avec les gars et moi j’étais une sorte de gars manqué. Ça, c’était avant de rentrer au secondaire… au primaire, je m’amusais avec tout le monde au début, mais à un moment donné, je ne faisais plus rien et j’étais plus réservée comme fille, plus timide et sensible.

En rentrant au secondaire, j’essayais de m’extérioriser plus, mais j’avais beaucoup de difficulté. J’étais trop gênée. Et j’ai connu une super bonne amie. On s’entendait bien même qu’on partait ensemble après l’école à tous les jours, chaque midi et chaque soir. Le problème est arrivé là. J’avais peur de ressentir quelque chose de plus que de l’amitié pour elle. Alors je me suis éloignée. Je lui inventais des excuses comme : « ma mère m’attend et ne veut pas que j’arrive trop tard. »

Peu à peu, on ne se parlait plus et la fin d’année est arrivée, et je ne l’ai plus revue l’année suivante… Je l’ai vue un jour à la piscine : elle a vraiment changé et est rendue plus belle. Je lui ai juste dit un salut et ça s’est fini là. Maintenant, je ne sais plus où elle est. C’était con de ma part, je sais. Mais j’avais peur… là, j’ai fait en sorte d’essayer d’oublier ce que j’avais pensé… que peut-être que j’étais lesbienne.

Ma deuxième année était plate et sincèrement, il ne s’est pas passé grand chose. À ma troisième année, je n’avais plus confiance en moi et je ne parlais plus. J’étais rendue dans un groupe d’amis et ils me laissaient être avec eux parce que j’étais toujours seule. Finalement, c’était de la pitié, mais je m’en foutais parce que j’étais avec du monde et pas toute seule. À ce moment, je m’inventais des histoires comme quoi j’aimais un gars, mais ce n’était pas vrai et une amie l’avait remarqué.

Un jour, je parlais d’une de mes amies sur MSN avec elle et elle m’a posé la question là : « Excuse-moi si je te choque, mais est-ce que tu es lesbienne? De la façon dont tu parles d’elle, c’est bizarre. » Alors, moi je lui ai dit que sérieusement, je pensais que oui, mais je n’étais pas sûre… elle m’a proposé de l’aide et tout. L’année d’après, j’avais redoublé certaines matières, encore parce que j’avais déjà doublé, alors on m’a changé d’école et je suis allée dans un programme pour décrocheurs.

Là, j’ai connu un ami qui était gai et quand il me l’a dit, je lui ai dit pour moi et à partir de ce moment là, j’ai connu une fille que j’ai beaucoup aimé. J’en étais folle. Mais elle est hétéro… le fait est que je lui envoyais des lettres anonymes et elle a commencé à chercher qui c’était. Elle posait des questions à tout le monde. Et quand elle a commencé à sortir avec un gars, ça m’a fait tout un choc…en passant, c’est grâce à moi qu’ils sortent ensemble parce qu’elle pensait que c’était lui qui lui envoyait les lettres. Après ça, je lui ai tout avoué pour me libérer… mais tout le monde l’a su. Je ne lui parle pas vraiment, maintenant.

Cet été même, j’étais folle d’une des amies de ma soeur. Mais elle aussi était hétéro alors quand je lui ai dit…je lui avais écrit une lettre et elle m’en réécrit une qui disait qu’elle n’était pas aux filles et qu’elle allait rester mon amie aussi. J’ai beaucoup pleuré comme pour l’autre. Je ne lui ai plus reparlé… je n’ai plus de nouvelles d’elle ; il faudrait que je la rappelle un jour.

Quand j’ai changé d’école pour une d’adultes, j’ai connu deux amies : il y en avait une sur laquelle je trippais, mais c’était juste un kick… J’ai réussi à leur dire que j’étais lesbienne. C’était dur, parce que ces filles-là, je venais juste de les connaître. Mais elles sont restées mes amies… sauf qu’encore là, je ne les ai pas vraiment beaucoup appelées, disons. Mais grâce à ça, je suis devenue quelqu’un de très sociable et en janvier je me suis inscrite aux cadets de l’aviation. Même si j’avais 17 ans, on m’avait acceptée. Ç’a fini à mes 19 ans… et voilà que tout commença réellement…

Je voulais avoir de l’expérience, peu m’importait dans quoi. J’étais entourée de plus jeunes que moi, la plupart avaient entre 12 et 16 ans. J’étais bien avec eux… je voulais m’intégrer sans trop brusquer les choses, alors j’ai dit à certains de mes amis aux cadets que j’étais lesbienne et que je trippais sur une des filles, c’était juste un kick.

Le vrai coup de foudre est arrivé un soir de survie dans les bois. L’officier qui s’occupait de nous avait 20 ans et je lui ai trouvé un certain charme. À ce moment, il y avait environ 30 personnes au courant de mon homosexualité : j’avais réussi à passer à travers l’acceptation. Sauf que mes parents n’étaient pas au courant. Je le sais, j’admirais beaucoup cette officier. Mais l’été est arrivé, puis là, je suis allée à un camp de cadets. C’est sûr que j’y ai eu des kicks là, en tout cas…

Quelques jours plus tard, j’ai dit à ma mère que j’étais aux filles, mais c’était sur un coup de tête. Elle me disait que tout allait bien, mais le lendemain, elle m’a jeté tout en face. J’ai eu une sorte de crise de nerfs… j’étais déconnectée de la réalité. Le fait est qu’on n’en a plus parlé après. La prochaine année aux cadets était super, mais j’aimais mon officier et elle était au courant de mon homosexualité. Elle était d’une grande aide. Petit point : tout le monde aux cadets sait que je suis lesbienne et je n’ai pas eu à le dire, juste à le confirmer.

Après, il y en a d’autres qui sont venus dire qu’ils étaient gais ou bi, la plus part bi. Je lui avais envoyé un mail lui disant tout, mais ça s’est empiré parce que le chef des cadets a été mis au courant par elle et il m’a parlé en me disant de ne plus aborder le sujet avec elle. J’ai fait la promesse, mais j’ai ressenti un changement d’attitude envers moi.

Je l’avais appelée deux fois au téléphone et je lui avais écrit le même nombre de fois que d’habitude. Je lui ai parlé de son changement d’attitude et que je n’étais plus intéressée par elle maintenant. Mais elle m’a fait le coup le plus chien. Elle envoyait les mails au chef et il est venu me voir un samedi soir après que j’aie passé une excellente dernière journée avant les vacances. Et il m’a dit tout gentiment : « On s’était entendus que tu n’allais plus lui écrire des mails qui parlent de ça. Tu lui en
voies trop de mails et elle commence à trouver ça fatigant, même qu’elle se sent menacée et en danger, elle ne veut plus que tu lui écrives et ne veut plus ni te parler, ni te voir. On s’est informés et si tu lui envoies encore des mails, on va faire appel à la police. »

Mon monde s’est tout écroulé avec ces mots. Il m’a laissée là et il est parti pendant que moi, je pleurais. On venait de m’enlever le droit de parler à celle que j’admire. Après une autre personne est venue me voir et m’a dit que ça ne servait à rien que je reste plantée par terre, à pleurer, que j’étais mieux de partir… Et moi je demandais pourquoi elle avait fait ça et on m’a répondu : « Tu lui écris trop. On avait conclu que tu ne lui écrirais plus. Elle se sent envahie par toi, t’es constamment autour d’elle et elle en assez. Ne l’appelle plus et ne parle lui plus, elle ne veut plus rien savoir de toi, elle ne veut plus te voir, ni te parler. » Et le thème de la police est ressorti…

Moi, je ne comprenais pas parce que je n’avais jamais rien fait pour qu’elle se sente en danger. Elle n’a même pas eu le culot de venir me le dire elle-même. Elle est trop parano et ce n’est pas juste moi qui ai besoin de me faire soigner… elle aussi. Juste parce que quelqu’un la touche un peu, elle capote. Elle veut sa bulle, son espace. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, mais ç’a dû lui faire un choc pour qu’elle se sente toujours menacée.

C’est sûr que j’ai eu mes torts et s’il existait une façon de retourner en arrière, j’irais intercepter le message où je lui avoue mes sentiments. Mais ce qui est fait est fait… faut faire avec. On récolte ce que l’on a semé. La seule chose que j’ai faite de mal, c’est d’avoir été honnête avec elle.

Quand je raconte l’histoire au complet et avec détails, tout le monde se demande pourquoi elle a réagi comme ça, au fond, ils sont avec moi. Le pire, c’est que je ne lui en veux pas de m’avoir fait ça. C’est juste chien et j’espère que le destin va faire en sorte que je la recroise. Elle ne revient plus l’année prochaine à cause de ses études. Même si on m’a dit que c’était fini et que tout est terminé, maintenant, moi je dis que ce n’est pas fini et c’est loin d’être terminé.

Le destin nous réserve une surprise à toutes les deux et je sais au fond de mon coeur que tout ça va s’arranger et que je vais pouvoir parler avec elle bientôt. Je ne l’appellerai pas, ni la chercherai, ni lui écrirai. Je ne veux pas de problème avec la police moi.

En tout cas, c’était ma vie un peu folle et moche… si il y en a qui ont vécu une affaire similaire ou qui veulent juste mettre un commentaire, allez-y. Ça me fera sûrement du bien !

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