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8 juillet 2003

L'adolescence et l'homosexualité

Que savez-vous de l’homosexualité à l’adolescence ?

AlterHéros

Être gai signifie faire partie d’un groupe qui peut vivre de la discrimination et qui fait face à des stéréotypes. Mais cela signifie aussi que l’on fait partie d’une communauté d’individus qui vivent les mêmes choses et qui peuvent nous comprendre, nous accepter et nous offrir du soutien.

(Savin-Williams, 2001)

L’adolescence est une période très intense du développement caractérisée par de nombreux bouleversements : premier amour, première déception ou peine d’amour, première menstruation ou éjaculation, premiers émois, baisers et caresses (Durocher et Fortier, 1999). Les adolescents doivent ainsi apprendre à gérer divers changements aux plans physique, émotif ou psychologique, intellectuel et social qui peuvent les déstabiliser. Ils doivent non seulement apprivoiser leurs émotions émergentes mais aussi intégrer leur nouvelle image corporelle et leur identité en développement. Bref, l’adolescence est « une époque qui requiert énormément d’adaptation » (idem, p. 8).

L’amitié, les relations amoureuses et la sexualité sont au cœur des préoccupations des jeunes. L’expérimentation fait partie intégrante de leur développement psychosexuel (Durocher et Fortier, 1999). Toutefois, une expérience homosexuelle ne déterminera pas systématiquement l’orientation sexuelle. En fait, il n’est pas nécessaire d’avoir des rapports sexuels pour découvrir son homosexualité. C’est donc durant cette époque, parfois avant, que le jeune peut se questionner quant à son orientation sexuelle (Anhalt et Morris, 1999; Blake et al., 2001). « Cette période de découverte est généralement vécue dans l’isolement et la clandestinité. Les amis et les parents sont peu consultés car ceci exige le dévoilement, ce que redoute l’adolescent » (Frappier et al., s.d.). En effet, au cours de l’adolescence, les jeunes se cherchent et tentent d’afficher et d’affirmer leur individualité tout en désirant ne pas trop se démarquer de leur groupe de pairs. Une différence dans l’orientation sexuelle peut devenir un problème majeur pour le jeune qui sera mis à l’écart par ses camarades ou plus souvent encore se mettra lui-même hors jeu, par anticipation du rejet, même dans les activités les plus anodines. Ces éléments contribuent à l’isolement social des jeunes GLB.

Les jeunes qui se questionnent composent également avec l’homophobie sociale et subissent « une pression énorme durant l’adolescence pour se conformer à la majorité hétérosexuelle » (Frappier et al., s.d.). Parallèlement, faute de modèles positifs, ces jeunes font face régulièrement aux préjugés et aux mythes présentant le plus souvent une image négative de l’homosexualité (Durocher et Young, 2000-2001; Flowers et Buston, 2001). Certains jeunes peuvent alors se sentir invisibles et isolés (Association canadienne de santé publique, 1998). Ces éléments constituent un obstacle majeur à leur développement psychosocial. Cela est amplifié lorsque des adultes significatifs (parents, enseignants, animateurs, intervenants, entraîneurs sportifs, etc.) évitent le sujet de l’homosexualité par ignorance, par peur, par malaise, par sentiment d’incompétence et parfois même par mépris. Pour certains jeunes, cela représente l’élément déclencheur d’une crise si intense qu’elle peut les conduire, entre autres, au décrochage scolaire, à un isolement ou un retrait social, à des problèmes de comportement, à l’usage abusif de drogues et d’alcool et, dans certains cas, au suicide.

Pourtant, l’orientation sexuelle n’est pas un choix délibéré. Les jeunes ne choisissent pas d’être attirés par des personnes du même sexe et par le fait même d’affronter volontairement des obstacles sociaux majeurs qui ne leur facilitent pas la vie. Contrairement aux personnes des communautés ethnoculturelles, qui ne peuvent dissimuler leur statut de groupe minoritaire, de nombreux homosexuels peuvent, au détriment de leur bien-être, cacher leur orientation à une société qui leur est hostile (Unks, 1995). Ainsi, le seul choix relatif à l’orientation sexuelle est de s’accepter ou non en tant qu’homosexuel. Heureusement, plusieurs jeunes vivent leur homosexualité harmonieusement. Le processus d’adaptation à son orientation sexuelle se fait généralement par étapes (Ryan et Frappier, s.d.). Une fois qu’ils se sont reconnus comme gais et lesbiennes, les jeunes vont « établir des relations amicales significatives » (Idem) avec d’autres gais et lesbiennes puis, plus tard, développer des relations amoureuses. Par la suite, « ils doivent apprendre à interagir, comme homosexuels, avec leur milieu de vie, leur famille, leur milieu scolaire ou leur travail et leur entourage hétérosexuel » (Idem).

Les adolescentes lesbiennes sont encore moins connues que les garçons gais et il existe trop peu d’études scientifiques sur l’homosexualité féminine (MSSS, 1997; Clermont et Lacouture, 1998). L’image sociale de l’homosexualité masculine et féminine est assez différente, les jeunes filles étant peu représentées dans les médias et dans les différentes sphères de pouvoir. En fait, « la présomption d’hétérosexualité semble plus forte envers les filles, entre autres parce que la cohabitation et les manifestations ouvertes d’affection sont davantage acceptées chez elles et éveillent ainsi moins de  soupçons » (Ryan et Frappier, s.d.) « Pour les jeunes femmes qui prennent conscience de leurs désirs homosexuels, il est tout aussi difficile de les comprendre et de les assumer » (Desaulniers et al., 2001, p. 7).

Direction de la Santé Publique de Montréal-Centre

Bibliographie

  • ANHALT, K., et T.L. MORRIS. « Developmental and adjustment issues of gay, lesbian, and bisexual adolescents: a review of the empirical literature », Clinical Child and Family Psychology Review , vol. 1, 1999. p. 215 30.
  • ASSOCIATION CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE. Sain et sauf : la prévention du VIH chez les jeunes gais, lesbiennes et bisexuels, 1998, 23 p.
  • BLAKE, S.M., et al. « Preventing sexual risk behaviors among gay, lesbian, and bisexual adolescents: the benefits of gay-sensitive HIV instruction in schools », American Journal of Public Health, vol. 91, no 6, 2001, p. 940-946.
  • CLERMONT, M., et Y. LACOUTURE. « Orientation sexuelle et santé », in C. Daveluy (sous la dir. de), Enquête sociale et de santé 1998, Québec, Institut de la statistique du Québec, 1998, p. 219-230.
  • DAVIS, V., et al. « Lignes directrices sur la santé des lesbiennes », Directives cliniques de la SOGC, no 87, mars 2000, p. 1-5
  • DESAULNIERS, M.P., et al. « Fascicule 6 : Orientations sexuelles », Programme d’éducation à la vie affective, amoureuse et sexuelle pour les personnes présentant
    des incapacités intellectuelles modérées, 2001, pag. variée.
  • DORAIS, M., et D. SANSFAÇON. « À propos de l’orientation sexuelle », Le Petit magazine de la formation personnelle et sociale, vol. 4, no 5, 1996, p. 1-6.
  • DUROCHER, L., et M. FORTIER. Programme d’éducation sexuelle des Centres jeunesse de Montréal. Montréal, Le Centre jeunesse de Montréal, 1999, pag. variée.
  • DUROCHER, L., et S. YOUNG. Guide de réflexion et d’intégration de la dimension de la sexualité dans l’intervention, Montréal, Le Centre jeunesse de Montréal, 2000-2001, 110 p.
  • FLOWERS, P., et K. BUSTON. « I was terrified of being different: exploring gay men’s accounts of growing-up in a heterosexist society », Journal of Adolescence, vol. 24, 2001, p. 51 65.
  • FRAPPIER, J.Y., et al. Orientation sexuelle et homosexualité à l’adolescence , s. d., En ligne : http://www.acsa-caah.ca/fran/documents/orientationsex&homosexualite.PDF
  • HLLIER, L., et D. ROSENTHAL. « Editorial: Special issue on gay, lesbian and bisexual youth », Journal of Adolescence, vol. 24, 2001, p. 1-4.
  • KINSEY, A.C., et al. Sexual behavior in the human male, Philadelphie : Saunders, 1948.
  • MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX. L’adaptation des services sociaux et de santé aux réalités homosexuelles : Orientations ministérielles. Québec, Ministère de la Santé et des Services sociaux, 1997.
  • RYAN, B., et Y. FRAPPIER. Quand l’autre en soi grandit : les difficultés à vivre l’homosexualité à l’adolescence, s. d., en ligne : http://www.europrofem.org/02.info/
    22contri/2.07.fr/livr_dwl/peur/dwlpeur6.htm
  • SAVIN-WILLIAMS, R.C. « A critique of research on sexual-minority youths », Journal of Adolescence, vol. 24, 2001, p. 5 13.
  • UNKS, G. « Thinking about the gay teen », in Unks (sous la dir. de), The Gay Teen Educational Practice and Theory for Lesbian, Gay and Bisexual Adolescents, New York, Routledge, 1995.

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